Crise Financière: une odeur de Pétrole
Pour l’opinion publique, les subprimes américaines et les banques sont les coupables ou les victimes désignées de la virulente crise financière que nous traversons.
Cependant, responsable de quatre des cinq dernières crises économiques, le pétrole n’aurait-il pas une fois de plus, une part de responsabilité majeure dans ce nouveau choc?
Les taux d’intérêts suivent l’inflation
Depuis de nombreuses années, les Banques Centrales se sont appliquées à maîtriser l’inflation dans le but de maintenir un argent bon marché et supporter la croissance. Les taux bancaires suivant ceux de l’inflation, leur tâche était grandement facilitée par un pétrole qui flirtait avec un baril à 30 dollars.
Dans les années 80, les taux de la Réserve Fédérale américaine dépassaient les 10%, pour descendre à 5% dans les années 90 et chuter à 1% dès 2003.
Le Bonheur est dans le prêt
Dans un marché où l’argent était devenu presque gratuit, le consommateur américain se voyait dans la confortable position de pouvoir s’offrir la maison de ses rêves. Poussé par la concurrence, certaines banques proposèrent des taux hypothécaires à zéro pourcent pour les deux premières années. Qui pouvait passer une pareille aubaine? Certainement pas des milliers de citoyens qui n’auraient jamais été qualifiées pour recevoir un prêt dans des conditions normales. Le rêve américain se réalisait.
Le pétrole enflamme les taux
Mais toute bonne chose a une fin. De janvier 2004 à janvier 2006, le baril de pétrole passa de 35 à 68 dollars et pour finalement atteindre 147 dollars durant l’été 2008. Cette hausse, conjuguée à l’augmentation des prix des denrées alimentaires, fit prendre l’ascenseur à l’inflation américaine qui passa d’un modeste 1% à plus de 6%, entrainant dans sa spirale les taux bancaires.
Pour aggraver la situation et de manière synchrone, une montagne de prêts hypothécaires arrivèrent à terme pour être refinancés. Certains propriétaires, qui avaient bénéficié de la largesse des banques durant les années fastes, se retrouvèrent devant l’impossibilité d’honorer leurs primes deux fois supérieures aux conditions antérieures. La suite fait partie de l’histoire.
Soutenir l’automobile, c'est participer à la prochaine crise
Les banques et les propriétaires furent les premières victimes de ce tsunami. Mais comme il faillait s’y attendre, le pétrole entraina dans la tempête son amie de longue date: l’automobile.
Dès que le pétrole dépassa les 130 dollars, la réaction des conducteurs fut immédiate et virulente. Les ventes des gros 4x4 et les kilomètres parcourus chutèrent d’un coup d’un seul. Les consommateurs firent intelligemment face à la situation et changèrent leurs comportements.
Pour soutenir cette branche économique à l’agonie, certains gouvernements plongèrent immédiatement au plus profond de leurs poches pour soutenir des entreprises coupables d’avoir superbement ignoré tous les signes annonciateurs de la hausse de l’or noir.
Si nous pouvons voir aujourd’hui la justesse des aides gouvernementales octroyées aux banques, un bémol est nécessaire pour le secteur automobile. Si la demande de carburant a poussé les prix du pétrole vers des sommets, est-il judicieux d’aider une industrie qui ne fera qu’exacerber cette tendance une fois la croissance revenue?
Un mot d’ordre : Indépendance énergétique
Dans ce contexte tendu, le célèbre fondateur de Virgin, Sir Richard Branson, a prévenu qu’il ne faudra pas attendre bien longtemps pour revisiter un prix du baril à 3 chiffres avec une menace sur l’industrie et l’économie. Comme pour enfoncer le clou, Merril Lynch et Barclays Capital ont remis en question les capacités d’exportations de l’OPEP et voient le baril toucher à nouveau les sommets de 2008. Tous suggèrent de tendre vers l’indépendance énergétique pour se prémunir de cette prochaine hausse.
Que pouvez-vous faire?
Vous avez l’opportunité d’agir immédiatement sans attendre une hypothétique réaction des politiques. Pour vous protéger de la prochaine hausse du pétrole, vous pouvez améliorer l’isolation de votre habitation ou réduire votre dépendance aux énergies fossiles avec d’autres solutions moins explosives.
Du côté de la mobilité, il est possible d’acquérir un modèle peut gourmand, d’adopter une conduite efficace ou de repenser ses comportements de transport.
Enfin la hausse des prix du pétrole, qui se concrétise en ce moment même, va à nouveau pousser vers le haut, les prix de l’inflation et les taux d’intérêts. Pensez à négocier vos hypothèques sur une longue période.
Par Laurent Horvath
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