Les Entreprises Chinoises à court d'Electricité?
Jeff Rubin. Pourquoi, Global Sticks, un fabricant canadien de bâtons en bois pour des crèmes glacées se délocaliserait de Dalian, Chine et retournerait à Thunder Bay, dans l’Ontaro canadien?
Typiquement, ce genre de production à faible valeur ajoutée n’est jamais censée revenir au Canada alors qu’elle avait justement quitté ce pays pour la Chine à cause de coûts bas de la main d’œuvre.
Mais les coûts des salaires ne sont plus aussi décisifs qu’ils ne l’étaient par le passé.
Dans le monde actuel, les coûts énergétiques qui augmentent, les rationalisations de l’électricité et les nouvelles taxes à l'exportation sur les matières premières, les écarts salariaux deviennent de moins en moins pertinents. Quand l’électricité s’éteint, tout à coup il vous importe peu que votre main d’œuvre soit cher. Votre usine ne fonctionne pas uniquement avec de la sueur.
Avec l’augmentation des prix des carburants qui transportent ces bâtons vers les clients du monde entier, la distance, entre votre usine chinoise à Dalian et les enfants qui attendent dans leur magasin leurs crèmes glacées, devient de jour en jour plus onéreuse.
Quand le prix et la disponibilité de l'énergie commencent à dominer votre business plan, vous dites au revoir à votre main-d'œuvre chinoise bon marché, et vous rentrez au pays.
Naturellement, tout le monde ne peut pas partir de Chine. Ceux qui restent devront faire avec l’annonce de l'Association Chinoise Electrique. Elle a averti que durant cet été, le pays va souffrir des plus grandes pénuries électriques depuis des années. Plus de 20 provinces et territoires, y compris le centre industriel de l’industrie, ont déjà annoncé des limitations de consommation.
Le gouvernement de la province de Zhejiang, un hub industriel près de Shanghaï, a informé 44 importantes industries que leur consommation électrique allait être rationnée. Les entreprises, qui dépasseront les limites, feront face à des taxes prohibitives qui menaceront leurs marges financières de fabrication. L’histoire se répète à Guangdong dans le sud de la Chine.
Cette situation ne devrait pas durer bien longtemps avant de voir le rationnement de l’électricité infléchir la courbe de la croissance économique, en particulier dans les domaines de l’aluminium et de l’acier.
Le manque de régulation des prix de l’électricité par rapport à l’augmentation des prix du charbon est au cœur de la crise chinoise (et également dans les pays voisins comme l’Inde et le Pakistan). En effet, l’augmentation de l’éléctricité chinoise ne représente qu’un dixième de l’augmentation des prix du pétrole et du charbon.
Non seulement cette pratique est économiquement intenable pour les producteurs électriques à base de charbon, qui fournissent plus des trois quarts de l’électricité chinoise, mais elle encourage des taux insoutenables de consommation de ce charbon.
L'année dernière, la soif en électricité de l’économie chinoise a dévoré 3,2 milliards de tonnes de charbon.
Pékin a déjà averti que le pays pourrait bientôt atteindre son peak de production de charbon et sera forcée de dépendre d’importations encore plus coûteuses de l'étranger. Dans l'intervalle, la Chine a interdit l'exportation de carburant diesel, qui pourrait bientôt être nécessaire pour produire encore plus d’électricité.
Alors que la crise électrique chinoise s'aggrave, plusieurs entreprises comme Global Sticks pourraient re-délocaliser leur production et revenir à la maison.
Ecrit, en anglais, par Jeff Rubin
Traduction par Laurent Horvath, 2000Watts.org. Avec l'autorisation de Jeff Rubin (Le Blog de Jeff Rubin et la version anglaise ici)
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