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Série de "dysfonctionnements" sur le site nucléaire du Tricastin, France

Quelque 360 kg d'uranium se sont déversés dans l'environnement du site nucléaire du Tricastin, sur la commune de Bollène (Vaucluse), dans la nuit du 7 au 8 juillet, 2008. L'accident est survenu dans une installation de la société Socatri, filiale d'Areva, qui assure la décontamination de matériels et la récupération de l'uranium traité par l'usine d'enrichissement d'Eurodif, installée sur le même site. Les circonstances du déversement accidentel de 30 m3 de solution contenant 12 grammes d'uranium par litre restent encore à élucider.

Des problèmes en cascades

Les préfets du Vaucluse et de la Drôme ont interdit, jusqu'à nouvel ordre, la consommation d'eau potable issue de captages privés sur trois communes, mais aussi la baignade et la pêche dans les cours et plans d'eau avoisinants. L'irrigation agricole est stoppée. Les effluents radioactifs se sont en effet infiltrés pour partie dans le sol à l'intérieur même de l'établissement. Mais une quantité mal évaluée a rejoint par le réseau des eaux pluviales les rivières de la Gaffière, puis du Lauzon qui se déverse dans le Rhône. La société Socatri, qui a immédiatement effectué des mesures, "a constaté un dépassement de la valeur préconisée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour les eaux destinées à la consommation humaine d'un facteur 1000 pendant une courte période correspondant au passage du pic de pollution", indique l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Chargé de l'expertise en cas d'accident, cet organisme estime cependant que les "conséquences radiologiques pour les populations devraient être négligeables".

100 FOIS LE REJET ANNUEL

"Dans la mesure où les gens ne consomment pas l'eau de la nappe phréatique, les risques de contamination sont inexistants", estime Thierry Charles, directeur de la sûreté des usines à l'IRSN. Un plan de surveillance sur 12 points de prélèvement d'eau va être mis en place pour vérifier l'évolution des teneurs dans les semaines et les mois à venir. Ces analyses permettront de déterminer à quelle échéance les mesures de restrictions pourront être levées. Elles pourraient l'être à plus faible délai dans les cours d'eau, qui assurent une dilution plus rapide, "lorsque nous serons assurés que l'uranium ne s'est pas fixé sur les sédiments", précise Charles-Antoine Louet, chef de division de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) à Lyon.

Les associations de défense de l'environnement s'inquiètent de l'ampleur de la pollution. Sortir du nucléaire évoque le risque de cancer lié aux contaminations de ce type. Bruno Chareyron, responsable du laboratoire de la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), note que "la radioactivité contenue dans ce rejet a été plus de 100 fois supérieure à la limite annuelle fixée pour cet établissement". Il ne veut pas encore se prononcer sur l'impact environnemental et sanitaire de l'accident, "attendant plus de données pour l'évaluer". Il y a quelques jours, la Criirad s'était inquiétée de l'entreposage sous un tumulus de terre de 770 tonnes de déchets radioactifs d'origine militaire au Tricastin. "Cela fait beaucoup pour un site qui est la deuxième plate-forme nucléaire française, après La Hague", note-t-il.

STRATEGIE DE COMMUNICATION

Il est fort intéressant d'analyser la stratégie de communication et de public relations lancée par Socatri et Areva sur cet incident. La stratégie est la même que celle inventée par l'industrie du tabac: En anglais, elle s'appelle: 3D (Deny, Delay, Dominate) (démentir, retarder, dominer)

Etape 1: Démentir
Toutes les déclarations de Socatri-Areva et le Gouvernement Français vont dans le même sens: minimiser le problème et annoncer qu'il n'y a aucun problème.
Areva a annoncé que 360 kg ont été rejeté dans la nature. Cette pirouette permet à Areva de ne pas annoncer la pollution en radioactivité de l'eau relâchée.
Il est intéressant de remarquer que lorsqu’une fuite accidentelle se produit et qu’elle est inférieure, ou très inférieure, aux limites de rejet, la comparaison en becquerel est systématiquement mise en avant par l’exploitant et l’Autorité de sûreté nucléaire et l’Etat. En revanche, lorsque la fuite représente un dépassement considérable (plus de 100 fois et plus de 6 000 fois) des limites maximales, la comparaison en becquerel disparait du discours officiel et les résultats sont présentés en grammes ou en kg !

Etape 2: Retarder

Socatri - Areva a annoncé le 10 juillet 2008 que les mesures devront être effectuées sur plusieurs mois afin déterminer si cet accident est important. Areva cherche à gagner du temps et surtout de sortir de l'actualité. Se faire oublier est l'objectif No 1 de toute Stratégie de Publique Relations en état de crise.

Etape 3: Dominer le débat - Prendre la Direction

La Centrale de Tricastin est connue pour de nombreux manquements et de fuites à répétition (fuites au niveau des canalisations de rejet (avril et août 2007), des cuves de rétention (octobre 2007) et de la station de traitement de rejet (novembre 2007).

Des vérifications conduites par la CRIIRAD montrent des violations répétées et très importantes des limites de rejets de produits radioactifs dans l’atmosphère !
Ces limites sont prescrites par l’arrêté du 16 août 2005 (article 10). En 2006, la limite maximale a été dépassée d’un facteur 6! pour les rejets de tritium (hydrogène radioactif) et d’un facteur 30! pour les rejets de carbone 14. En 2007, les rejets de tritium de la SOCATRI ont dépassé la limite d’un facteur 5 et les rejets de carbone 14 d’un facteur 42 !

Prendre la Direction:

Ces infractions à l’article 10 de l’arrêté du 16 août 2005 (arrêté pris sous l’autorité des ministres de l’Industrie, de la santé et de l’Environnement) n’ont donné lieu à aucune sanction et l’exploitant, plutôt que de travailler sur la réduction de ses rejets et sa mise en conformité, a déposé une demande pour obtenir le relèvement des limites! La demande est en cours d’instruction et elle a de bonnes chances d’aboutir !
Le Rôle du Gouvernement Français


Depuis plusieurs mois, le Président Français Sarkozy a pris son bâton de pèlerin pour vendre la technologie nucléaire française à travers le monde. La troisième génération EPR (European Pressuried Water) (qui n'a que quelques changements mineurs par rapport à la deuxième génération) est le dernier modèle mis sur le marché par Areva.

Centrale EPR en Finlande

La première centrale EPR qui est actuellement construite en Finlande sur l'île de Olkiluoto frise le cauchemar. D'un budget initial de 3 milliards d'euro, la centrale coûtera plus de 5 milliards (juin 2008). Le démarrage de la centrale est prévue à l'été 2011. L'entreprise d'électricité finlandaise TVO qui a commandé cette centrale a demandé des dommages de retard pour 2,2 milliards d'euro.

Ce cauchemar pour Areva est confirmé cette semaine par le Président Sarkozy qui propose d'injecter plus de 13 milliards d'Euro dans Areva pour le lancement de son projet EPR à travers le monde.

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