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AREVA - EDF: La Guerre des Chefs
Lundi le groupe EDF avait accusé Areva, son principal fournisseur d'uranium enrichi, d'avoir suspendu les livraisons destinées à ses centrales depuis le 4 janvier 2010 en raison d'un différend sur le contrat en cours de négociation.
"Nous ne les avons jamais suspendues ", a immédiatement répliqué le service de presse d’Areva. Mais en même temps, interrogée sur RMC et visiblement surprise, la présidente d’Areva, Anne Lauvergeon, contredisait son propre service de presse. (voir la vidéo en fin d’article)
Une décision qui serait très risquée, puisque Areva fournit 68 % du combustible d'EDF et que 80 % de la production française d'électricité est d'origine nucléaire.
Durant l’interview donné au Monde et à RMC, Anne Lauvergeon confirme bien la suspension du transport et du retraitement des combustibles brûlés dans les réacteurs nucléaires.
Le Premier Ministre obligé de faire du baby sitting
Mercredi, le premier ministre François Fillon a convoqué les deux protagonistes: Henri Proglio d’EDF et Anne Lauvergeon d’Areva. La rencontre visait à «aplanir les différends» et à «dire qu’ils doivent s’entendre».
Cette situation est d'autant plus cocasse et étrange que les deux entreprises appartiennent à l’Etat et sont interdépendants l’une de l’autre.
La suspension des livraisons a été officiellement suspendue hier après la rencontre.
Lutte de Pouvoir et du Contrôle du Nucléaire Français
Henri Proglio et Anne Lauvergeon se sont engagés dans une lutte de pouvoir pour la domination de cette industrie stratégique française.
Officiellement les négociations se heurtent à la fois sur le prix du service de retraitement, qu'EDF juge visiblement trop élevé, et sur les volumes de combustibles retraités. Le prix payé par EDF pour le traitement à La Hague s'élèverait à environ 850 millions d'euros par an, selon le Monde.
Mais derrière ce voile, se cache l’envie d’EDF d’acheter l’usine de retraitement et le refus d’Areva d’abandonner la maîtrise de tous les maillons de la chaîne nucléaire: extraction de l'uranium, production de combustible, fabrication des réacteurs, retraitement et recyclage des déchets, démantèlement des vieilles centrales.
La fébrilité des deux dirigeants est à la hauteur de la dette de leurs entreprises
Les deux entreprises ont un point en commun: L'énormité de leurs dettes. Alors que l'ancien PDG d'EDF Pierre Gadonneix s'était lancé dans une campagne d'achats d'entreprises à l'étranger, le groupe est à la tête d'une dette de plus de 23 milliards d'Euro.
Areva n'est pas mieux lotie. Embourbé dans la construction de ses deux nouveaux réacteurs EPR dont les retards et les coûts n'ont cesse d'augmenter, le groupe a des besoins de financement estimés à 11 milliards d'euros d'ici à fin 2011.
La débâcle de l'industrie française dans le projet des Emirats Arabes Unis a été l'électrochoc qui a réveillé les rivalités et l'instinct de survie des deux dirirgeants.
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Vidéo: Anne Lauvergeon sur RMC Dim lights |