Pétrole: Les Coulisses pour aider les Rebelles Libyens
Le premier ministre britannique, David Cameron, avait nommé le spécialiste Alan Duncan, en avril dernier, à la tête d'une cellule secrète afin d'utiliser l'arme pétrolière contre le régime Kadhafi.
La stratégie de cette cellule était de priver l'ouest de la Libye, sous le contrôle de l'armée de Kadhafi, de carburant mais en assurant la l'approvisionnement des rebelles.
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L'approvisionnement des rebelles en produits pétroliers (essence, gasoil, fioul) était interrompu alors que les kadhafistes, par le truchement de filières clandestines d'intermédiaires chinois et indiens utilisant des ports tunisiens et algériens, continuaient à être alimentés en carburants.
A l'époque, les opérations militaires de l'OTAN, auxquelles participe le Royaume-Uni et la France, étaient enlisées et même remises en question.
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Ainsi la stratégie de Alan Duncan fut de couper les routes empruntées par les trafiquants ainsi que le port de Zaouïa qui acheminaient les produits pétroliers avec les bombardements de l'OTAN. Dans le même temps, il utilisa la société basée à Genève, Suisse Vitol, afin d'envoyer par navire du gasoil à Benghazi, le QG des rebelles. Le marché d'assurances londonien Lloyd's avait facilité la couverture des bateaux de Vitol qui ravitaillaient l'Arabian Gulf Oil Company (Agoco), contrôlée par les autorités provisoires.
La société basée à Genève connait bien la Libye. En 2008, elle avait signé un accord avec la compagnie libyenne des pétroles NOC pour construire un terminal pétrolier dans le port de Ras Lanouf (le projet avait été abandonné). Ensuite, Vitol dispose de l'infrastructure nécessaire pour mener à bien l'opération d'assistance aux insurgés : ports, entrepôts, tankers. La nature de la profession de négociant en matières premières est enfin de prendre les risques que les majors pétrolières, comme BP, préfèrent éviter.
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Aujourd'hui, cette opération, pas très compliquée et qui ne coûte pas cher, permet à Vitol de se placer à moindres frais au cœur de la vaste foire d'empoigne qui se déroule autour du pétrole libyen dans la perspective de l'après-Kadhafi".
Déjà présentes sur place avant le conflit, Total, BP, Shell et Vitol entendent prendre leur part du gâteau en délogeant l'opérateur historique, l'italienne ENI. La course aux réparations des puits libyens endommagés et aux licences d'exploration-production à venir fait rage en coulisses. Très légères, contenant peu de soufre, les huiles extraites à bas coût du sous-sol libyen sont très recherchées par les raffineurs européens.
Les anciens soutiens du régime comme les pétroliers russes, chinois et brésiliens sont aujourd'hui dans leurs petits souliers. C'est pourquoi, derrière l'annonce par le trader russo-finlandais Gunvor de l'envoi aux rebelles d'une cargaison de fioul destinée aux centrales électriques, beaucoup voient la volonté du Kremlin de faire oublier son appui au Guide.
Sources: Le Monde, Marc Roche