Guerre des Gazoducs: Nabucco, South Stream et North Stream
La formidable bataille entre le gazoduc Nabucco (Europe) et le projet South Stream (Gazprom) a débuté de manière officielle ce 13 juillet 2009. Cette formidable lutte de pouvoir cache des enjeux majeurs, loin de l'intérêt des consommateurs : le contrôle de l'approvisionnement gazier de l'Europe par la Russie, l’hypothétique indépendance énergétique de l’Europe face à la Russie, ou l'entrée dans l'Europe de la Turquie.
Nabucco : un parcours sinueux
Nabucco a été relancé après la crise du gaz du début 2009, suite au différend financier entre la Russie et l'Ukraine. Nabucco est le résultat d'un constat simple: l'Europe ne doit plus dépendre de la Russie pour son énergie. Aujourd'hui, Gazprom, le géant russe du gaz, fournit 25% des besoins de l'Union européenne et plus de 80% à la Hongrie.
Le 13 juillet 2009, Nabucco est officiellement né par la signature d'un accord intergouvernemental entre la Roumanie, la Bulgarie, Hongrie, l'Autriche, et la Turquie. (le hongrois MOL, le turc Botas, le bulgare Bulgargas, le roumain Transgaz et l'autrichien OMV).
Le gazoduc Nabucco devrait acheminer 31 milliards de m3 de gaz naturel par an, de la mer Caspienne vers l'Europe occidentale d’ici à 2014. Cette quantité de gaz importée produira 68,2 milliards de kilos de CO2 par an.
Exigences turques
Ankara a renoncé à son exigence première de prélever 15% du débit du gazoduc pour sa propre consommation. En contrepartie, la Turquie percevra 50 à 60% des revenus annuels des taxes, soit 400 millions d'euros par an. La Turquie espère également utiliser son droit de passage pour négocier son entrée dans l'Europe.
Trouver de l'argent et…
Malgré cet accord, la viabilité économique de Nabucco n'est pas assurée. La question du financement des 8 milliards d’Euro du projet et celle de l'approvisionnement du gazoduc n'ont pas été définitivement tranchées. Des doutes subsistent sur la capacité de réunir les fonds nécessaires compte tenu de la crise économique.
du gaz !
En plus des soucis économiques, les européens cherchent le Gaz qui alimentera leur projet. Le moins que l'on puisse dire, c'est que les Européens peinent à obtenir des engagements fermes de la part de pays clés, tels que le Turkménistan, l'Ouzbékistan et le Kazakhstan qui craignent les pressions russes.
Lors du sommet de Prague qui a réuni les pays concernés par le projet, le 8 mai 2009, ces pays ont refusé de signer la déclaration finale!
Pire encore, l'Azerbaïdjan qui avait signé la déclaration finale du sommet de Prague a depuis signé un accord avec Moscou. La Russie achètera 500 millions de m3 de gaz à Bakou, voire davantage par la suite. Cet accord illustre la stratégie de Moscou pour tuer dans l'oeuf le projet européen et pousser son propre projet, South Stream: mettre la main sur les sources de gaz naturel dans le Caucase.
Avec ce projet, l'Europe sera forcé de faire confiance à des pays très instable politiquement comme Irak, la Syrie ou l'Iran.
South Stream
L'Italie et l'Allemagne en supporters
Engagée dans le projet concurrent russe, South Stream, qui doit relier la Russie à la Bulgarie en passant sous la mer Noire, l'Allemagne soutient vigoureusement l'inclusion de la Russie dans le projet Nabucco, à l'inverse de la Commission européenne.
South Stream est un projet de gazoduc paneuropéen en 2009. Il devrait relier la Russie à l'Italie. Le projet permettrait à Gazprom de contrôler les gisements gaziers de la mer Caspienne et du Kazakhstan, surtout si le gazoduc alternatif et concurrentiel Nabucco, soutenu par les États-Unis et l'Union européenne, mais sans participation de Gazprom, ne voit pas le jour.
North Stream
Pour simplifier encore les choses et souligner la chianli qui règne entre les pays européen, l'Alemagne s'est engagée dans le projet Nord Stream.
Le Nord Stream (anciens noms : North Transgas et North European Gas Pipeline : NEGP) est un projet de gazoduc reliant la Russie à Allemagne via la mer Baltique et il permet d'éviter l'Ukraine.
L'accord a été signé cette semaine à Munich suite à la réunion, le jeudi 16 juillet 09, entre le President Dmitry Medvedev et la Chancelière allemande Angela Merkel. Un prêt de 500 millions d'Euro a été ouvert pour débuter le financement de ce projet.
La construction de la section terrestre russe a commencé le 9 décembre 2005 dans la ville de Babaïevo (Oblast de Vologda), et doit s'achever en 2011. La section terrestre en Russie fonctionnera de Griazovets à la station côtière de compression de Vyborg. Le projet doit encore recevoir le feu vert entre autre du Danemark et de la Suède.
Le projet North Stream pourra livrer 55 milliards de m3 de gaz annuellement, soit des émissions de 121 milliards de kilos de CO2 par année.
Un probable vainqueur: North Stream
La guerre entre Nabucco et le South Stream pourrait voir comme vainqueur... North Stream. En effet, ce dernier est le seul qui est actuellement dans une phase concrète de construction.
Cette victoire pose la question auprès des utilisateurs, des entreprises et des consommateurs européens sur la pertinence de s'approvisionner à moyen et long terme avec du gaz.
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Malgré un accord, l'Ukraine bloque le Gaz Russe
Gazoduc: North Stream
Projet South Stream et Nabucco
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