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Siemens brise son partenariat avec AREVA

Après avoir annoncé la semaine dernière sa décision de sortir du capital d'Areva NP, dont il détenait 34%, Siemens annonce désormais ouvrir des discussions avec Rosatom, l'agence russe de l'énergie atomique. Dans un communiqué, Siemens indique que c'est le premier ministre russe en personne, Vladimir Poutine, qui a invité Peter Löscher, le PDG du groupe, à engager des pourparlers.

Un tel partenariat renforce les deux entreprises sur les marchés mondiaux. Moscou était isolé dans le domaine de l'atome civil, alors que la bataille des réacteurs nouvelle génération fait rage entre Areva, Toshiba-Westinghouse (japonais), et General Electric --Hitachi (américain).

Seul acteur mondial à ne pas fabriquer de composants, Atomenergoprom cherchait ainsi depuis longtemps un "partenariat stratégique" avec une société européenne. Il pourrait désormais compter sur les compétences de Siemens dans le contrôle commandes, les turbines et les générateurs.

Il a annoncé la création d'un groupe de travail commun, jugeant possible un accord complet avant la fin du mois d'avril. De son côté, Sergueï Kirienko, le président de Rosatom, a jugé qu'un tel partenariat renforcerait les deux entreprises sur les marchés mondiaux. Un rapprochement germano-russe faciliterait la pénétration du marché ferroviaire pour Siemens, au détriment d'Alstom.

 

Le Gaz en échange

Cela favorise les desseins de M. Poutine, dont la démarche est aussi politique qu'économique: diviser les Européens tout en renforçant les capacités exportatrices de la Russie dans le domaine énergétique.

Ces négociations dans le secteur nucléaire interviennent au lendemain d'une crise énergétique sans précédent, où le premier ministre russe avait décidé de couper le gaz aux Européens. Cette crise avait semé la confusion parmi les 27, la France, l'Allemagne et l'Italie étant plus accommodantes avec les Russes que la Grande-Bretagne et les pays d'Europe centrale.

Il ne fait aucun doute, pour certains observateurs, qu'un accord nucléaire sera assorti de contreparties gazières entre Moscou et Berlin. Les accords Siemens-Gazprom devraient se renforcer : M. Löscher a été reçu, mardi, par le PDG du géant russe, Alexeï Miller. La chancelière allemande a récemment adopté un ton conciliant envers Moscou, invitant l'Europe à "pousser à la finalisation d'un chapitre substantiel sur l'énergie dans le cadre d'un accord de partenariat et de coopération". Angela Merkel a souligné que cela passe autant par un soutien aux grands projets de pipelines de Gazprom (Southstream et Northstream) que par une aide au projet européen Nabucco, qui doit relier les pays producteurs de la Caspienne à l'Autriche, via la Turquie.

 

Qui remplacera Siemens

Avec le départ de Siemens, Areva se voit acculé à trouver un nouveau partenaire, au moins pour des raisons financières. Le groupe pourrait devoir débourser 2 milliards d'euros dans les trois prochaines années pour racheter la part de Siemens.

Il a en outre de gros besoins pour financer ses coûteux projets industriels, comme la construction de sa nouvelle usine d'enrichissement d'uranium Georges Besse II, au Tricastin (Drôme). Le groupe pourrait avoir recours à l'endettement.

Il dispose en effet d'une excellente réputation sur les marchés financiers : l'agence d'évaluation financière Standard and Poor's (S&P) lui a attribué en décembre la note "A-1", la meilleure qui soit. Mais la présidente d'Areva, Anne Lauvergeon, plaide plutôt pour une ouverture du capital, et ce depuis plusieurs années. L'opération avait même été annoncée fin 2004, alors que Nicolas Sarkozy était ministre de l'Economie, mais elle a été enterrée par le gouvernement de Dominique de Villepin et n'a pas été exhumée depuis.

Une autre option passerait par un partenariat avec un grand groupe industriel. Alstom plaide depuis des mois pour un tel rapprochement et son PDG, Patrick Kron a encore dit mardi qu'il y était "toujours favorable". Selon lui, l'opération permettrait de "créer un champion mondial dans la production d'électricité et le transport ferroviaire".


Présidente d'Areva, Anne Lauvergeon plaide plutôt pour une ouverture du capital,

 

Siemens - Rosatom

Le groupe russe devrait contrôler la coentreprise avec 50 % du capital plus une action. Celle-ci s'appuiera sur la technologie russe du réacteur à eau pressurisée (VVER).

Depuis l'explosion du réacteur numéro quatre de Tchernobyl, en 1986, les centrales russes souffrent d'un lourd déficit d'image. Même si leurs réacteurs sont différents de ceux de la centrale ukrainienne et si des études indépendantes ont démontré "la fiabilité des réacteurs russes", rappelle Siemens.

La coentreprise va construire de nouvelles centrales dotées de réacteurs VVER et moderniser des tranches anciennes. "Nous voulons devenir le leader mondial sur le marché de l'énergie nucléaire", a souligné Sergueï Kirienko, patron de Rosatom. Pour Peter Löscher, président du directoire de Siemens, cet accord avec "un partenaire fort et expérimenté" signifie que sa société n'a pas renoncé à ses ambitions dans un secteur prometteur.

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