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Peak oil: Algérie, Egypte, Syrie et Libye

Par Nadine Nad: L’Algérie, l’un des principaux fournisseurs du pétrole et du gaz consumés en France, s’inquiète de plus en plus ouvertement de l’avenir de sa production d’or noir, rapporte cette semaine le quotidien El Watan:
«Les réserves stagnent et les efforts d’exploration n’aboutissent au final qu’à des gisements de plus en plus petits, ne présageant rien de bon et risquant d’induire un rapide déclin de la production.»

Algérie

Des découvertes de plus en plus maigres, en dépit des efforts d’investissement!

En quête d’une échappatoire, l’Algérie cherche à s’ouvrir aux investisseurs étrangers afin de développer entre autres des ressources de pétrole non-conventionnels (tout comme le Mexique et l’Iran, pays non moins attachés jusqu’ici à l’indépendance de leurs compagnies nationales). Pas sûr que cela suffise.

Abdelmadjid Attar, ex-PDG de la compagnie nationale, la Sonatrach, a estimé lors d’un colloque à l’Institut algérien du pétrole le 22 février que le pétrole et le gaz de schiste* ne pourront suffire à compenser le déclin des ressources conventionnelles, indique El Watan, quotidien de référence en Algérie.

L’Algérie, troisième producteur du continent africain, a vu ses extractions de brut chuter de de 16 % depuis un pic atteint en 2007. La production de gaz naturel connaît également un déclin prononcé : – 7,5 % depuis un pic atteint en 2005.

Abdelmadjid Attar estime qu’à partir de 2019, l’Algérie sera obligée de diminuer ses exportations d’hydrocarbures. « L’Algérie pourrait ne plus honorer ses engagements à l’export à partir de 2030, met en garde El Watan. L’ancienne colonie française fait partie des membres historiques les plus influents de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, l’Opep.

Ancien ministre de l’énergie algérien, Nordine Aït Laoussine insiste sur le « problème lancinant » de « l’explosion de la consommation interne ». La consommation de pétrole des Algériens s’est accrue de pas moins de 66 % en dix ans, entraînée entre autres par l’explosion démographique. Elle a atteint 367 000 barils par jour en 2012, grevant d’autant les capacités d’exportation du pays.

Cette double contrainte d’une envolée de la demande domestique et de capacités de production stagnantes ou fléchissantes est récurrente parmi les pays de l’Opep (elle a notamment été analysée par Bernard Durand, ex-directeur de l’Ecole nationale supérieure de géologie de Nancy).

Ancien vice-président de la Sonatrach, Tewfik Hasni tranchait récemment dans une interview accordée au site d’information Magbreb Emergent :

« Tous les experts sérieux savent que nos réserves, y compris le gaz de schiste, ne garantissent pas plus de 20 ans de consommation au rythme actuel de leur exploitation. »

« Il n’existe presque plus d’experts à Alger pour soutenir (…) que l’Algérie peut, dans un horizon humain, revenir et dépasser son niveau de production de 220 Mtep (millions de tonnes d’équivalent pétrole) atteint entre 2005 et 2007. »

La rente pétrolière et gazière est essentielle à la stabilité sociale d’un pays où le souvenir de la guerre civile des années 90 est encore vif. Les ressources apportées par les hydrocarbures ont permis d’acheter et de racheter encore la paix sociale. Les transferts sociaux représentent un tiers du PIB de l’Algérie, rappelle le quotidien français L’Opinion. Malgré l’accident vasculaire cérébral dont il a été victime en 2013, le président Abdelaziz Bouteflika, 77 ans, au pouvoir depuis 1999, est candidat à un quatrième mandat. Les élections prévues le 17 avril sont d’avance qualifiées de mascarade par l’opposition.

Mustapha Mékidèche, consultant et ex-cadre de Sonatrach, reproche au gouvernement une politique des prix et de subventions « suicidaires », qui encourage le gaspillage au sein des ménages, et organise un transfert de la rente au profit des industriels, relate El Watan.

Vidéo: L'histoire secrète du pétrole Algérien

Dim lights
Pic pétrolier: dès 12 min 30

Egypte

L’Egypte est demeurée longtemps un producteur de second rang stratégiquement vital pour l’empire britannique. Ses extractions de brut n’en finissent plus de s’étioler aujourd’hui.

La production gazière demeure importante. L’Egypte a pu se mettre à exporter du gaz naturel au milieu des années 2000. Mais cette manne-là a déjà pratiquement disparu : d’une part plusieurs champs importants sont entrés en déclin, d’autre part la consommation des Egyptiens est en train de surpasser la production.

Les alliés du régime militaire égyptien dans le golfe Persique soutiennent le maréchal Abdel Fattah al-Sisi grâce à des aides qui incluent 4 milliards de dollars de produits pétroliers en provenance d’Arabie Saoudite, du Koweït et des Emirats Arabes Unis. Mais le diesel acheminé s’adapte mal aux centrales thermiques égyptiennes, prévues pour fonctionner au gaz. Les militaires qui ont chassé du pouvoir les Frères musulmans pourraient bien jouer l’avenir de leur régime durant l’été, au cours duquel les coupures d’électricité et les pénuries de carburant promettent d’être plus graves encore qu’à l’accoutumée, analyse l’agence Reuters.

Libye

En Libye, la production pétrolière est tombée la semaine dernière à seulement 230 000 barils par jour. De nombreuses installations importantes – puits, oléoducs, terminaux – sont fermées en raison de troubles dont elles sont bien souvent l’enjeu.

La production s’établissait à 1,6 millions de barils par jour (Mb/j) avant la guerre de 2011. Mais cette production était alors déjà en repli, par rapport à un pic de 1,8 Mb/j atteint en 2007-2008. Plusieurs analystes redoutent que le chaos de l’industrie pétrolière libyenne masque un mal plus profond : celui du déclin structurel des ressources du pays.

La Syrie a franchi son pic pétrolier en 1996. L’effritement des ressources en devises et en énergie offertes par les hydrocarbures a sans doute contribué au marasme économique du pays, lequel a abouti à l’exaspération d’une partie de la population puis à la guerre civile. A la veille de cette guerre débutée en mars 2011, les extractions d’or noir étaient inférieures de 30 % au niveau atteint lors du pic de 1996. En mai 2008, le régime de Bashar Al-Assad dut réduire considérablement les subventions sur l’essence, qui absorbaient pas moins de 15 % du PIB, souligne le Guardian. Le prix du carburant tripla du jour au lendemain, entraînant une forte inflation des prix agricoles.

Ce qui reste de production de brut en Syrie est aujourd’hui en large partie contrôlé par les milices islamistes proches d’Al-Qaïda. Ces milices alimenteraient en carburant l’armée ennemie de Bashar Al-Assad, moyennant des contreparties nébuleuses, selon le New York Times. Ces ressources aident probablement les miliciens sunnites à essaimer dans l’Irak voisin.

Le destin des nations pétrolières arabes est chevillé au pétrole, parfois depuis la fin de la première guerre mondiale. Par mauvaise foi ou par complaisance, le rôle incoercible de l’or noir dans leur développement a trop souvent été éludé, sans doute pour le pire désormais, inexorablement.

Source: Nadine Nad Site: Maghreb Vert

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