OPEP : Un communiqué qui rapporte des milliards $
Il n’aura pas fallu plus de 5 heures aux membres de l’OPEP pour se mettre d’accord sur le contenu du communiqué de presse diffusé à l’issue de la rencontre. L’annonce de la diminution de la production pétrolière a surpris.
Ce communiqué poursuit un effet double:
1) Eviter que le prix du baril de pétrole ne repasse sous la barre des 40$
2) Faire monter artificiellement les cours afin de soutenir les économies des 14 pays producteurs du cartel.
Stratégiquement, l’OPEP a réussi un coup de maître.
A regarder de plus prêt l’annonce «de mettre sur pied une commission qui va étudier l’éventualité que certains pays diminuent leur production pétrolière» est magistrale.
Chacun connaît le rôle inutile et alibi d’une commission. Cependant, cette proposition fait planer un certain doute parmi les traders qui seraient tentés de miser sur une baisse des cours. Cette épée de Damoclès pourrait garantir de rester, à minima, sur la barre des 40$. Elle oblige les entreprises de négoce à tabler dès maintenant sur un futur qui pointe irrémédiablement vers une hausse des cours.
Pour les traders, aller à contre-sens, alors que les bonus de fin d’année commencent à entrer en jeux, relève du génie ou d’un burn out.
Pousser rapidement le baril sur les 50$
Si il est plausible d’imaginer que le baril ne va pas remonter immédiatement à 100$, il pourrait graduellement entrer dans la zone des 50-60$ durant 2017.
A l’instant, les marchés sont toujours préoccupés par la surproduction, même si la différence entre l’offre et la demande tend gentiment mais sûrement à s’estomper. Elle avoisine les 700'000 barils/jour alors qu’elle dépassait le million en début d’année.
La réduction massive des investissements a quasiment stoppé l’émergence de tout nouveaux gisements nécessaires à compenser ceux qui arrivent en fin de vie tandis que les forages d’un coût de production supérieur à 50$ attendent leur heure pour être activé.
L’Agence Internationale de l’Energie prévoit le croisement des courbes courant 2017 et allume les voyants au rouge dès 2020 à cause de la chute stratosphérique des investissements actuels. Du jamais vu en 70 ans. (voir le graphique ci-dessous)
Dans l’immédiat, la stratégie de l’OPEP est de gagner du temps et de faire monter rapidement les cours aux niveaux attendus de 2017. Au bord du gouffre, le Venezuela, le Nigeria, l’Irak, la Libye ont besoin d’entrées financières urgentes pour alimenter leurs budgets. De son côté, après des années de frustrations et de disettes, l’Iran trépigne.
Changement de business models
Le talon d’Achille des producteurs est l’absence totale de coordination de la production suite à la défection de l’Arabie Saoudite qui a tenu ce rôle durant des années.
A l’image d’Uber ou d’AirBnB, l’arrivée du schiste américain et des énergies renouvelables ont rendu obsolète les business models de l’industrie. Les majors pétrolières dont l’objectif premier est de générer du cash (l’extraction du pétrole n’est qu’un moyen pour arriver à ce but) naviguent dans un océan inconnu. Pour n’avoir pas vu arriver cette vague, tout ce beau monde se trouve aujourd’hui endetté ou en faillite.
Leur redressement va s’effectuer grâce à la remontée des cours du baril. Mais qui dit entrée de devises, dit sortie de devises. Pas sûr que la santé de l’Economie mondiale puisse se permettre de recommencer à transférer des milliards $ dans les caisses des pays producteurs.
Les pays et les citoyens qui s’en sortiront le mieux seront ceux qui auront débuté à se découpler du pétrole. Pour les autres, les promesses politiques, les leurres des lobby ou les tours de passe-passe des banques centrales, n'auront qu'un goût amer.
En attendant, les membres de l’OPEP ne peuvent que contempler leur succès. A ce rythme, 17 milliards $* supplémentaires pourraient transiter des pays consommateurs vers les producteurs de pétrole d’ici à la fin décembre.
*une variation de +1$ du baril augmente les revenus de 2,7 milliards $/mois pour les pays producteurs de pétrole.
L'augmentation de 2$ depuis l’annonce, si maintenue jusqu'à la fin décembre, représentera une plus-value de 17 milliards $.
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